Bonjour et bienvenue sur mon blog "Un nom, des histoires".
Voilà maintenant plusieurs mois que je m'intéresse à la généalogie
non plus avec un regard professionnel (étant archiviste), mais
plutôt personnel. Aujourd'hui cet intérêt, notamment pour les noms
de famille, me provoque l'envie de faire partager mes découvertes
avec le plus grand nombre de personnes, d'où la création de ce blog. Mon
objectif est de vous raconter une à deux fois par mois, l'origine et
l'histoire d'un nom de famille d'une personnalité qui fait
l'actualité ou qui en est liée. En effet, bien souvent, les noms de
famille ont plus de chose à nous dire que l'on imagine.
En France, le nom de famille tel que nous le connaissons aujourd'hui
n'apparaît qu'au 12ème et 13ème siècle. Depuis l'antiquité et
avec émergence de la religion chrétienne, les individus portent
un prénom unique, donné lors de leurs baptêmes. Cependant, avec l'augmentation de la population et la préférence pour certains prénoms (et par conséquent la diminution de la diversité nominative), la nécessité de se différencier des autres
porteurs d'un même prénom se fait sentir dix siècles plus tard.
Ainsi, l'on commence à leurs/à s' attribuer des surnoms, puis cette
pratique du sur-nommage se systématise, et finalement sans aucune
intervention politique ou religieuse, fini par se transmettre à la
naissance.
Dans l'ensemble, on constate quatre grandes catégories dont les
surnoms sont issus :
1- Par transmission du nom de baptêmes du père,
2- Par attribution d'une caractéristique physique, morale ou
sociale,
3- En référence à un lieux, à une provenance,
4- par la désignation de son métier
S'agissant de mon première article, celui-ci ne sera pas consacré à
une personne faisant l'actualité. En effet, j'ai pensé qu'il serait
intéressant d'en profiter pour me présenter à vous de la plus
simple des manières qui soit et qui en même temps vous présente la
structuration de mes prochains articles : parler de mon nom de
famille, et de ses histoires.
Le nom Mesgny fait partie de la troisième catégorie que nous avons vu plus haut : celle des noms provenant d'un lieu. En effet, il prend son origine étymologique dans la racine d'un mots latin, mansio, qui désigne un lieu de séjour, une habitation, une demeure. L'utilisation et l'orthographe de ce mot évolue avec le temps et l'histoire de France.
A l'époque gallo-romaine, il dérive déjà dans le langage courant sous le nom de masionile.
Ce mot sera reprit ensuite dans la langue d’oïl sous la forme de
maisnil, ou plus
couramment mesnil,
ménil. Il garde en
grande partie son sens d'origine, mais il est aussi utilisé pour
désigner un groupe de personnes, ou des personnes vivants dans une
même maison, qu'ils aient des liens de parenté ou non. Ce terme
s'implante un peu dans le nord de la France sous la forme de maisnil,
mais plus principalement en Normandie et en Lorraine pour les autres
variantes. Cependant, le terme de foyer étant privilégié pour
désigner les habitants d'une maison, il va rapidement tomber en
désuétude dès le bas moyen-âge. On observe toutefois une certaine
résistance de son utilisation en Normandie, comme nous le montre un
article de la revue la Comédie
paru en 1863, et qui nous parle de la Mesgnie Hellequin :
Je suis le fils cadet d'une famille de trois enfants et je suis né
a Compiègne, ville au combien historique : résidence des rois
mérovingiens et carolingiens, délivré par Jeanne d'Arc mais ou,
elle, fut livré aux anglais, devenu partie intégrante du domaine
impériale en 1804, signature dans la forêt de Compiègne des
armistices de 1918 et 1940... et j'en passe!
Pour comprendre de quoi parle Théodore de Banville et qui pouvait être cette Louise Mesgny, il est important de
se pencher sur les éléments qui nous permettent de contextualiser
son histoire.
- Histoire de : Mesgny
Le nom Mesgny fait partie de la troisième catégorie que nous avons vu plus haut : celle des noms provenant d'un lieu. En effet, il prend son origine étymologique dans la racine d'un mots latin, mansio, qui désigne un lieu de séjour, une habitation, une demeure. L'utilisation et l'orthographe de ce mot évolue avec le temps et l'histoire de France.
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https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3900343
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"En Normandie on connait la chasse Hennequin, la Mesgnie Hellequin ou Herlequin, [...]. Mesgnie est un vieux terme du moyen âge qui veut dire famille, maison, suite et il désigne la séquelle endiablée qui suit le chevalier Hellequin. [...] Dans le pays d'Arles aussi, la mesgnie Hellequin était populaire. Seulement on retrouvait à sa tête, non plus le chevalier Hellequin, mais les preux et les pairs de Charlemagne, le comte des Marches bretonnes, Roland et ses compagnons tués à Roncevaux, Ogier le Danois"
Le temps et les abus de langage (ou plutôt d'écriture) ont donc
finalement transformé une dernière fois l'orthographe de ce mot en
Mesgnie, et plus rarement encore Mesgny. On ne trouve cette
variante au départ que dans le grand centre de la France et surtout dans
l'Est. Aujourd'hui, ce nom de famille n'est porté que par moins
d'une vingtaine de personnes, alors que l'on compte plus ou moins 2
000 Mesnil, dont le plus connu est un athlète français, le perchiste
Romain Mesnil.
- Histoire d'un Mesgny : Christophe
Ne faisant pas partie de l'actualité, et étant encore moins une
célébrité (si si, je vous jure!), je passerai cette étape de mes
futures articles en étant le plus bref que possible.

Mes deux grands pères restant d'illustres inconnus et une de mes
grands-mères étant décédée avant ma naissance, je n'ai eu la
chance de connaître qu'un seul de mes grands-parents dans ma
jeunesse.
Enfant, l'histoire à très rapidement pris une grande importance
dans mes centres d'intérêts, et après avoir voulu devenir
archéologue, fait des études en histoire contemporaine, me voilà
désormais archiviste... un chemin tout tracé.
- Un Mesgny dans l'histoire : La danseuse de char(me)s
Ce nom de famille étant très rare, il est bien difficile de
trouver des traces d'un de ses porteurs dans l'histoire... mais quand
on sait chercher, on en trouve toujours, même des petites! C'est
pourquoi aujourd'hui, je vais vous faire un focus sur une femme, une vrai
titi parisienne du milieu du 19ème siècle. : Louise Mesgny. Ne
sachant pas qui elle est exactement, ni d'où elle vient, j'ai pour
l'instant, je vous l'avoue, très peu d'informations. Mais
suffisamment pour vous donner l'envie d'en découvrir un peu plus sur
ce jolie brin de femme qui a fait, sans aucun doute, les beaux jours
de Paris et côtoyait certains des grands artistes de ce siècle.
L'enquête sur cette femme commence sur une phrase anodine d'un
écrivain du 19ème : Théodore de Banville. Poète, dramaturge et
critique dramatique Français, amis entre autres de Victor Hugo,
Baudelaire et Théophile Gautier, il est devenu célèbre à son
époque grâce à une oeuvre littéraire originale : Odes funambulesque. Et c'est précisément dans cette oeuvre écrite en
1857, qu'il nous parle d'elle très furtivement. En effet, dans les
commentaires qui accompagnent son livre, il raconte que la comtesse
de Chabrillan aurait "vêtue à la Grecque, fait à
l'hippodrome la course des chars avec Louise Mesgny et une Joséphine
[...]". Pauvre Joséphine qui ne semble pas beaucoup avoir
marqué l'esprit de l'auteur.
![]() |
Par
A. Provost — Lithographie, Domaine public
|
Tout d'abord, quel est donc cet hippodrome dont il parle? Il s'agit
en fait de l'Hippodrome de l'étoile, le premier hippodrome de Paris
inauguré en 1845. Construit par Victor Franconi sur la place de
l'Etoile, il est entièrement fait en bois... et il fut détruit par
un incendie en 1869. Ce type d'hippodrome n'est pas un simple lieu
dans lequel sont organisées des courses hippiques, mais ce sont des
vrais scènes de spectacle à ciel ouvert où viennent se divertir
aussi bien la bourgeoisie locale que le citoyen lambda, comme s'en
amuse la revue Charivari qui
écrit après l'inauguration :
"Depuis longtemps on éprouvait le besoin de voir s'ouvrir à Paris un théâtre ou l'on pût griller en été et gelé en hiver. Ce désir national vient enfin d'être exaucé [...]. Dix milles personnes peuvent tenir dans l'enceinte et deux milles autres français plus économes se procurent en outre l'agrément de grimper gratis sur la plate-forme de l'arc de triomphe de la barrière de l'étoile qui se transforme ainsi en un amphithéâtre des troisième galeries. En faisant construire ce monument, Napoléon n'avait pas songé qu'il servirait à cet emploi".
Course de chars à l'Hippodrome de l'étoile |
Aussi, semblerait-il qu'une comtesse aurait fait une course de chars
avec notre Louise Mesgny sur cet hippodrome. La comtesse de Chabrillan, de son vrai nom
Elisabeth-Céleste Veinard, connu surtout sous le nom de Céleste
Mogador, est une célèbre danseuse du 19ème siècle. Née à Paris en
1824, elle vécue une enfance difficile qui lui forgea un mental de
guerrière. Son père décède alors qu'elle n'a que 6 ans, négligée par
sa mère et brutalisée par son beau-père, elle est finalement
recueillie par une prostituée. Elle commence sa carrière au
cirque-olympique dans les années 1840 puis devint danseuse au Bal
Mabille à partir de 1850. C'est sur cette scène qu'elle imagine et
lance le Quadrille, un cancan excentrique. Dans le même temps, c'est
elle qui fait les beaux jours et la gloire de l'Hippodrome de
l'étoile en tant que danseuse-animatrice. Elle se marie au comte de
Chabrillan qui décède 3 ans plus tard, et réussi, malgré
toutes les difficultés lié au machisme ambiant, à devenir une comédienne et une
écrivaine. Théophile Gautier, ami de Victor Hugo, Baudelaire et
Théodore de Banville (tiens, des amis communs...) et amateur de
cirque, évoque lui même une course de chars à laquelle aurait participé Céleste
Mogador :
"L'hippodrome renoue, à sa manière, avec l'antiquité en proposant des courses de chars. C'est réunir les jeux romains et les exercices équestres anglais, qui constituent les premières prestations de cirque. Ces courses étaient dangereuses [...]; leur violence et le caractère érotique de la présentation – c'était la seule occasion publique de voir des parties dévêtues du corps féminin- fit leur succès.[...]. Cette course est un des plus agréables épisodes de la représentation : ces chars dorés, ces chevaux harnachés à l'antique, ces costumes romains ont une espèce de beauté classique qui n'est pas sans charme [...] Madame Céleste à des bras superbes et une fierté de tournure qui lui donnent l'air d'une de ces victoires conduisant le quadrige du triomphateur qu'on voit sur les médailles et sur les bas-reliefs".
Louise Mesgny aurait donc été un moment de sa vie, une artiste qui
s'est produite aux cotés de la star de l'Hippodrome de l'étoile.
Ainsi, il n'est pas surprenant de voir que sont conservées aux
archives nationales et à la bibliothèque de l'Institut de France
des lettres échangés entre elle et Théophile Gautier.
Indubitablement, ces lettres ne pourront qu'améliorer la
compréhension de la nature de leur relation et apporter un éclairage nouveau sur son histoire.
Et vous, quelle est votre histoire?
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