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mardi 24 mai 2016

Williams, ou l'histoire d'une conquérante au service gagnant

L'affiche de Roland-Garros 2016
 © Marc Desgrandchamps-Galerie Lelong / FFT 2016
 PapaPapapapaPapalaaala.... Olé! Et oui, pendant deux semaines, nous n'avons pas fini d’entendre cette célèbre suite d'onomatopée. En effet, les internationaux de France de Tennis, plus connues sous le nom de tournoi de Roland-Garros ont commencés ce dimanche... et on croise les doigts pour les français engagés dans la compétition. Bon, première mise au point : non Roland-Garros n'est pas un ancien joueur de tennis, mais un aviateur né en 1888 à la Réunion et mort lors d'une bataille aérienne pendant la première guerre mondiale en octobre 1918. Le tournoi porte son nom car c'est celui du stade qui avait été utilisé pour accueillir l'organisation du tournoi en 1928 et qui a été choisi par Emile Lesueur, président du Stade Français (propriétaire du terrain), en l'honneur de son ancien camarade de classe qui fut également licencié du célèbre club de rugby.
 Il s'agit d'un des tournois du grand Chelem (dans l'ordre chronologique l'Open d'Australie en janvier, Roland-Garros, Wimbledon en Juin et l'US Open en août) mais surtout du tournoi préféré des joueurs et le seul dans les 4 qui se joue sur terre battue. Cette surface dite rapide, est considérée comme étant plus favorable aux joueurs espagnoles et sud-américains, ce qui explique les nombreuses prouesses et victoires des joueurs de ces nationalités (vive GUGA!!!).



 A l'occasion de cet article, j'aurais pu parler de nombreux joueurs français tels que Gaël Monfils (Heureusement que j'ai changé d'avis), Richard Gasquet ou bien Alizé Cornet, Pauline Parmentier... j'ai finalement opté pour un pari audacieux, celui de travailler sur le nom de famille de la favorite pour remporter la coupe Suzanne Lenglen : Séréna Williams. Je vais donc pour la première fois sortir du confort des noms français pour étudier ceux anglophones. Mais avant, je vais faire une petite aparté sur un ancêtre du tennis. 

  • Histoire du Tennis : de la paume à la raquette.

 Pendant de longues années, le tennis a eu comme réputation d’être un sport de bourgeois, pratiqué essentiellement par une classe aisée et que ce sport se démocratisait depuis les dernières décennies. A l'origine, il s'agit pourtant d'un sport extrêmement populaire et pratiqué par tous, de la petite fille jusqu'au Roi : c'est le jeu de paume. Inventé en France, ce jeu est très ancien puisqu'il remonte à plus d'un millénaire. Séparé par un filet, les joueurs doivent se renvoyer une balle appelée éteuf en utilisant la paume de leurs mains. Chacun des joueurs se trouve à une distance réglementaire de 60 pieds du filet. Lorsqu'un joueur gagne son premier ou son deuxième point, il peut avancer de 15 pieds. Pour le troisième point, il ne peut avancer que de 10 pieds. Pour gagner un jeu, le joueur avance donc de 15 pieds, puis 30 et enfin 40... cela ne vous dit rien? Hé oui, c'est la raison pour laquelle on compte les points de cette manière au tennis : 15, 30 puis 40.
 Si dans les débuts, ce jeu était pratiqué comme son nom l'indique, avec la paume de la main, apparaît progressivement des gants de cuirs pour protéger la peau au 13ème siècle, puis un battoir (une raquette pleine en bois) au 14ème et enfin la raquette (en chanvre ou en boyau) apparaît dès le 15ème.
Jeu de Paume à la fin du XVIIIème, Estampe de la BNF
 C'est justement au 15ème siècle que l'histoire de France croise l'histoire du tennis. En effet, alors que nous sommes en pleine guerre de cent ans contre les anglais, le duc d'Orléans, Charles 1er, grand adepte du jeu de paume est retenu prisonnier à  Wingfield. Dans cette ville, il va populariser ce sport pendant sa captivité. Quatre siècle plus tard, en 1874, Walter Clopton Wingfield, descendant du châtelain de cette communauté dépose un brevet et invente le sphairistike. Grâce à l'invention récente du caoutchouc qui permet de réaliser des balles qui rebondissent plus facilement sur du gazon, il adapte donc le jeu de paume avec un jeu de raquette sur cette surface. Ainsi est crée en 1877 le premier tournoi de tennis au monde : le tournoi de Wimbledon, qui se joue toujours sur gazon.
 L'utilisation de la terre battue comme surface de jeu à elle aussi était imaginée très tôt puisque que c'est encore un Anglais, William Renshaw, qui jouant à Cannes, eu l'idée de protéger le gazon qui brûlait sous le soleil en le recouvrant d'une poudre rouge, issue du broyage de pots en terre cuite en 1880. La première utilisation officiel de cette surface en tournoi date de 1928 pour un match de la coupe Davis opposant la France aux Etats-Unis, et inaugurant le stade Roland-Garros qui avait été construit pour cette occasion (la boucle est bouclée).

  • Histoire de : Williams.

 La population des Etats-Unis étant essentiellement originaires des migrants Européens (hé oui, nous avons tous était des migrants un jour ou l'autre), c'est donc de l'autre coté de la manche qu'il faut étudier les origines du noms de familles Williams. 
Comme je le disais dans mon premier article, les noms de familles apparaissent en France au XIIème siècle et sont issus soit du nom de baptême d'un parent, d'un sobriquet dû à une caractéristique physique, sociale ou morale, d'un lieu ou enfin par l'appropriation du métier pratiqué. Pour l'ensemble des pays européens cela est vrai également, nous retrouverons donc ces même éléments dans les autres langues, avec des évolutions phonétiques et orthographiques dûes aux modes et coutumes.

Carte d'Europe de la signification des
noms de famille les plus communs. jakubmarian.com
 Sur cette carte de l'Europe des noms de familles, on voit ainsi par exemple que le nom le plus porté en Angleterre est le nom Smith (rappelez vous Matrix!), Smith qui veux dire forgeron.
 En ce qui nous concerne pour cet article, voyons plus particulièrement le nom Williams. Ce nom est le troisième le plus porté en Angleterre, et également aux Etats-Unis (où Smith occupe aussi la première place en 2010). Il tiens son origine dans la version anglicisé du prénom germanique Wilhelm et nous donne l'occasion d'observer une proximité linguistique de 2 termes anglais et allemands. Tout d'abord Wil qui est en allemand une conjugaison du verbe wollen (vouloir), et qui veut dire "volonté" en anglais (Will). Le second terme, Helm veut dire casque en Allemand, ce que l'on retrouve en anglais dans Helmet pour la même signification.
 En français, l'équivalent de ce prénom est Guillaume, et c'est un français qui va populariser ce nom en Angleterre dès le XIème siècle. En effet, le duc de Normandie, Guillaume le conquérant devient le roi d'Angleterre suite à la bataille d'Hastings en 1066. Ainsi, il importe dans ce pays son nom dans sa forme anglicisé : William ; Ce qui peut expliquer en partie le nombre important de Williams en Angleterre et par ricochet, aux Etats-Unis. En France, on compterait tout de même aujourd'hui plus de 1 000 porteurs de ce nom de famille.

  • Histoire d'une Williams : Séréna, le tennis dans le sang

 Séréna Jameka Williams est née le 26 septembre 1981 à Saginaw dans le Michigan, aux Etats-Unis. Elle est la fille de Richard Williams et de Oracene Price. Nous connaissons tous les deux filles qu'ils ont eu ensemble puisque la sœur aînée de Séréna est Vénus, née le 17 juin 1980, autre joueuse emblématique de tennis. Les Williams forment une grande famille recomposée puisque d''un premier mariage avec Betty Johnsson, Richard a eu 3 filles et 3 fils, et de se son coté Oracene a eu également 3 filles d'un précédent mariage avec Yusef Rasheed.
 Richard Williams est un homme d'affaire américain, il a crée sa propre société de gardiennage. C'est un self made man... mais c'est aussi un self woman maker. En effet, lorsqu'il rencontre Oracene en 1979, il a déjà un projet bien en tête. Quelques mois auparavant, il a regardé un match de tennis féminin et fut surpris par la somme d'argent attribuée à la gagnante du match : 200 000 dollars. Son projet est alors d'avoir deux nouvelles filles et d'en faire des championnes de tennis. On peut dire que c'est réussi... 

Séréna Williams lors de la remise du trophée
 - JustJared.com
 Il les mets au travail dès l'age de 4 ans, après avoir appris par lui même les techniques d’entraînements. Pendant leurs jeunesses, elles disent ne s'être entraînées uniquement que contre des garçons, car  "les filles n'étaient pas assez fortes pour nous donner la réplique". A 14 ans, la cadette, Vénus, devient une joueuse professionnelle et à 17 ans, elle est déjà finaliste d'un des tournois du grand Chelem : l'US Open. La même année, Séréna commence à faire ses premiers coups d'éclats, notamment en battant au tournoi de Chicago Marie Pierce (n°5 mondial) puis Monica Seles (n°4). Dans une prophétie incroyable, Richard Williams annonce ainsi que "Vénus sera bientôt la n°1 mondiale. Mais Séréna sera plus forte encore". Et en effet, jusqu'aux années 2002-2003, Vénus est bien la meilleure joueuse de tennis, et sa sœur la talonne de près. 
 Mais l'année 2003 est sans conteste l'année la plus sombre pour la famille Williams. Tout d'abords, l'année précédente a eu lieu le divorce de Richard et Oracene. Par ailleurs, les performances de Vénus sont au plus bas à cause d'une blessure à l'abdomen. Si Séréna s'en sort avec ses meilleures performances après avoir gagné les 4 tournois du grands Chelem entre 2002 et 2003 et devient la n°1 mondiale, elle finit malgré tout l'année sur les rotules, suite à une opération du genou gauche. Enfin, elles doivent surmonter un drame familial dû au meurtre d'une de leurs demie-sœurs, Yetunde Price, abattue d'une balle dans la tête dans des circonstances troubles, par un membre d'un gang à Los Angeles.
  Aujourd'hui, Séréna bénéficie d'un palmarès important, elle a remportée 36 victoires en grand Chelem, 21 en simple, 13 en double avec sa soeur et 2 en double mixte. Parmi ses victoires en simple, elle a déjà remporté Roland-Garros deux fois, la première en 2013 face à Maria Sharapova, et la seconde face à Lucie Safarova. Jamais deux sans trois? Rendez-vous à la fin du tournoi pour la réponse.

  • Une Williams dans l'histoire :  maudite Abigail !

 L'histoire d'Abigail nous emmène en plein cœur des Etats naissant d’Amérique, et dans une de ses histoires les plus sombres, celle dite des sorcières de Salem.
 Abigail Williams, née le 12 juillet 1680, et la nièce de Samuel Parris, Pasteur dans la ville de Salem (aujourd'hui Danvers). D'origine anglaise, née à Londres, Samuel hérite à la mort de son père en 1673 de plusieurs hectares de terre à la Barbade et décide de s'installer dans la capitale, Bridgetown. Il y devient agent de crédit pour les autres planteurs de cannes à sucres et prends possession de deux esclaves. En 1680, il décide de quitter la Barbade pour aller à Boston, où il se marie avec Elizabeth Eldridge avec qui il a trois enfants. Suite à la naissance de son dernier enfant en 1686, il négocie avec la ville de Salem dans le Massachusetts, pour y devenir pasteur.
Carte de William Wood, représentant New Plymouth
et New Greene's Harbor en 1634

 Mais le contexte historique n'est pas très apaisé. Pour rappel, les célèbres pères pèlerins, les puritains anglais débarquent du Mayflowers en 1620 à Plymouth. A partir de là, deux colonies anglaises sont crées, une à Plymouth et la seconde à Boston. Mais la volonté d'indépendance envers la couronne britannique est déjà présente et un combat politique, voir armée commence dès 1634 où la flotte royale est accueillie par des canons.
 A l'intérieur des terres américaines, ce n'est pas mieux car les colons s'installent sur les terres de deux tribus Amérindiennes, les Nipmuck et les Pockmuck, qui ne veulent pas se faire spoiler de leurs terres sans rien dire (on les comprends).

 Lorsque Samuel débarque à Salem, à coté de Boston, tout semble ce passer plutôt bien. Cependant, à partir de 1691, la communauté locale est de plus en plus méfiante à son sujet, mécontentement dû en partie au sentiment de persécution subit par les attaques incessantes des Amérindiens. Il se mit alors dans ses sermons à évoquer une conspiration contre lui et contre l'Eglise, inspirée par Satan lui même (rien que ça).
 Un hasard comme par hasard, c'est à ce moment précis que la nièce de Samuel, Abigail, âgée alors de 11 ans, ainsi que sa fille Betty, se mettent à avoir des symptômes inquiétant : elles traînent des pieds, se cachent, et parlent dans une langue inconnue (bref, elles font leurs crises d'adolescentes quoi...). Pour le médecin, il ne fait aucun doute que les deux petites filles ont été maudites, envoûtées par une/des sorcière(s).
 Dans un premier temps, on demande à une des esclaves de Parris de cuisiner un cake en utilisant sa propre urine et de le donner à manger au chien pour voir si celui-ci se mettait à avoir les mêmes symptômes, ce qui fut le cas. L'esclave est alors emprisonnée en attendant son procès. Dans le même temps, on demande aux enfants qui sont de plus en plus nombreux à être contaminés de désigner celles qui les auraient envoûtés. Commence alors la chasse à l'homme, ou plutôt, à la femme. Environ 130 femmes sont accusées, et 80 sont finalement emprisonnées et attendent de passer devant la justice. 

 Bilan : 5 personnes décèdent en prison, et 21 sont condamnées à mort. L'hystérie collective prends une telle importance que c'est finalement le gouverneur royal du Massachusetts qui va petit à petit faire libérer tout les femmes emprisonnées et mettre un terme à la procédure. Quant à Abigail Williams, elle ne vivra pas très longtemps après cet événement car elle décédera en 1697, à l'age de 17 ans.

Et vous, quelle est votre histoire? 

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