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vendredi 13 mai 2016

Lafitte, ou l'histoire d'une tradition cinématographique française classique

 Pour commencer, j'aimerai dédier ce nouvel article à mon meilleur ami, Pierre, mon Pierrot, Pierrot mon gosse, mon poteau, mon frangin tu m'tiens chaud... (Elle est pas belle la transition avec l'article sur Renaud? Ahah). Aujourd'hui vivant à Cannes, les occasions de se revoir sont rares, mais toujours aussi belles, et tu es toujours avec moi dans l'esprit et le cœur ;-).
Affiche officielle du 69e Festival de Cannes
 © Lagency / Taste (Paris) Le Mépris © 1963
 StudioCanal - Compagnia Cinematografica Champion S.P.A
 Alors à Cannes justement, que se passe t-il? Comme tout les ans au mois de mai pendant 12 jours, a lieu le festival de Cannes, qui rend hommage au cinéma international en remettant aux différents métiers du cinéma des prix sous forme de statuettes, les célèbres Palmes du festival. Ce festival est à mon sens, imprégné d'un esprit très français : Frondeur, revendicatif. Pour le coté frondeur, il est à noter que ce festival est très souvent marqué par des scandales. L’événement le plus marquant à ce sujet est très probablement celui de 1968. En effet, en mai 68 il y a eu quelques petits sauts d'humeurs en France (et en Europe), et en soutien à ces mouvements, de nombreux cinéastes et producteurs se sont révoltés contre l'organisation du festival. Ils ont d'abords demandé le retrait de leurs films de la sélection officielle puis finalement, l’arrêt total du festival, ce qui fut fait. De plus, en conséquence de l'objectif même du festival qui est de valoriser et révéler des œuvres originales, singulières, la projection et la récompense de nombreux films ont souvent eux aussi fait scandales (pour une rétrospectives de ces scandales, c'est par içi).
 Tout ça c'est bien beau, mais il me faut un nom de famille, c'est quand même l'objectif du blog. Alors de qui parler? Pierre Lescure, président du festival depuis 2014? Non, ça ne m'intéresse pas. Le président du jury, Georges Miller? Non plus. Bon, mais qui alors? Désolé, pas de suspens à la Hitchcock, vous avez lu le titre il s'agit de Laurent Lafitte, l'acteur et humoriste qui a été choisi pour animer la cérémonie de remise des palmes. Mais avant de parler de lui et de son nom, revenons rapidement sur l'origine du festival.

  • Histoire d'un festival : des origines mal connues.

L'histoire du festival de Cannes a vraiment toute sa place dans mon blog. En effet, dès sa naissance, et pendant toute son évolution, son histoire est intimement lié à celle du cinéma parlant et de l'histoire de France, voire mondiale.
 Les années 30 sont une période cinématographique prolifique. Tout d'abord, grâce à l’apparition du premier film parlant en 1927, The Jazz singer (réalisé par Alan Crosland), mais aussi suite au contexte économique, social et politique de cette époque. Dans un premier temps, la crise de 1929 a permis aux petites sociétés de productions d'émerger grâce à la faillite des grosses sociétés tels que Gaumont et Pathé. Par ailleurs, dans ce contexte socialement difficile, les salles de cinéma apparaissent comme de merveilleuses sources de divertissement. Cependant, le succès de la diffusion cinématographique attire aussi les convoitises d'hommes beaucoup moins bien intentionnés et qui souhaitent utiliser cet art nouveau comme une arme de propagande.
Première affiche du festival de Cannes
Réalisé par le Cannois Jea-Gabriel Domergues
 La première édition du festival aurait dû avoir lieu en 1939 sur une idée de Philippe Erlanger (directeur de l'Association française pour l'action artistique), Emile Vuillermoz et René Jeanne. Choqué par l'ingérence des gouvernements fascistes et nazis dans le cinéma (en 1938 par exemple, le festival de la Mostra de Venise fut inauguré par Joseph Goebbels, ministre du Reich à l'éducation du peuple et à la propagande), ils souhaitent pouvoir organiser un festival de cinéma politiquement indépendant. Ils soumettent ainsi cette idée  au ministre de l'Instruction publique et des beaux arts Jean Zay, soutenu par les alliés (de circonstance) américain et britannique qui ont boycottés la Mostra de Venise. Sans surprise, le ministre l'accepte. Parmi plusieurs villes, c'est Cannes qui est choisi pour accueillir ce "festival du monde libre", comme l'appel Harold Smith, représentant en France de la société de production Américaine Motion Picture.
 Pour ce premier festival, Philippe Erlanger est logiquement choisi pour être le tout premier président du festival de Cannes, tandis que Louis Lumière serait le premier président du jury (qui de mieux que l'inventeur du cinéma?). Parmi les films sélectionnés pour cette première édition : le célèbre Magicien d'Oz (de Victor Fleming), Pacific Express (de Cecil B. de Mille), ou encore dans la catégorie française L'Enfer des anges (de Christian-Jaque), La Charette fantôme (de Julien Duvivier) ou encore dans la sélection Russe : Lénine en 18 (de Mikhaïl Romm) et le prémonitoire Si demain c'était la guerre (de Efim Dzigan) .
 Mais voilà, la guerre n'est pas prévue pour demain, mais aujourd'hui. Dès le premier jour du festival, nous entrons dans l'ère de la seconde guerre mondiale. Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes envahissent la Pologne. Dans un premier temps reporté de 10 jours, puis reprogrammé après la biennale de Venise, le festival est finalement annulé. Ainsi, la réelle première édition du festival de Cannes voit le jour après la guerre, le 20 septembre 1946. 

  • Histoire de : Lafitte

 Bon, alors cette fois, nous allons parler d'un nom de famille qui se porte plutôt bien, quelque soit son orthographe : Lafite, Lafitte, Laffite où Laffitte. Dans cette variante orthographique, la plus importante, il semblerait que plus de 6 000 français porte ce nom, et principalement dans le Sud-Ouest de la France. 
 Comment peut-on expliquer cette densité nominative? C'est pas très original, vous commencez maintenant à comprendre la logique et étudions l’étymologie de ce nom. Tout simplement, c'est un dérivé d'une locution latine, Ficta, qui vient de la conjugaison du verbe Figo qui signifie entre autres : enfiler, planter, fixer, attacher, élever (dans le sens d'ériger). De ce fait, de nombreux lieux portent le terme Fita ou Fitte, en raison de la présence de pierres dressées qui servent de bornes, de limites (par exemple : Pierrefitte-sur-Seine).  Les Lafitte sont donc ceux qui habitent près de cette bornes ou d'un lieu appelé Fit(t)e ou Fita.

  • Histoire d'un Lafitte : Laurent


 Laurent Lafitte aurai-il donc des origines du Sud-Ouest de la France? Très probablement dans ses racines profondes, mais il n'en n'est pas originaire. Laurent Lafitte est née à Fresnes, dans le Val-de-Marne en 1972 et a vécu un parcours que l'on peut considérer comme classique dans le milieu artistique. 
 Après avoir arrêté le lycée, il a intégré la célèbre école du Cours Florent pour ensuite étudier au prestigieux Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Nous avons tous assistés à ses débuts dans sa carrière à la télévision. Mais si, souvenez vous, il a joué le personnage de Juan dans la série Classe Mannequin en 1993 (ben oui, il y avait d'autres acteurs que la belle Vanessa Demouy). Il se perfectionne ensuite en rajoutant plusieurs cordes à son arc de comédien en intégrant la Guildford school of acting, une école de comédie musicale anglaise qui lui permet de travailler l'art de la danse et du chant.
 Il fait ses début au cinéma en 1996 en jouant son premier rôle dans Madame Verdoux, de Jean-Luc Reynaud. Acteur "couteau suisse", il enchaîne les rôles au cinéma, à la télévision et au théâtre depuis le début de sa carrière. Parmi ses rôles les plus marquants au cinéma, citons sa participation dans le film de Mathieu Kassovitz, Les rivières pourpres, celui de Tristan Aurouet et Gilles Lelouche, Narco, ou plusieurs films de Guillaume Canet comme Ne le dit à personne, ou Les petits mouchoirs. Plus récemment, nous avons pu le voir dans Papa ou maman, de Martin Bourboulon.
 En 2008, il se lance dans un one-man-show avec un spectacle intitulé Laurent Lafitte, comme son nom l'indique, avec lequel il connait un large succès et remporte le prix Raimu de la comédie. Puis en 2012, il rejoint les rangs des acteurs de la Comédie Française.
 Nous le reverrons prochainement sur le grand écran  dans trois films : Au revoir de là-haut, d'Albert Dupontel et l'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (je sais que l'on ne juge pas un livre à sa couverture, mais vraiment je le sens pas!), de Marjane Satrapi qui sortirons tous deux en 2017, et cette année le prochain film auquel il participe sort le 25 mai, il s'agit de Elle, de Paul Verhoeven, dont le film fait parti de la sélection officielle du festival de Cannes de cette année.


  • Un Lafitte dans l'histoire : Jean, un pirate des Caraïbes français.
 Pas évident de vous parler de ce personnage. En effet, on sait beaucoup de chose sur Jean Lafitte et peu à la fois, car sa vie et sa mort son entouré de mystères et de légendes. Et pour bien commencer, on ne sait pas exactement quand et où il est née. A priori, il serait née entre 1774 et 1776, très probablement en Aquitaine (le Sud-Ouest, je vous l'avais dit!). De même, on ignore également le lieu et la date de sa mort, qui serait entre 1821 et 1828.
Par Anonyme —
Rosenberg Library, Galveston, Texas
 Ce dont nous sommes sûr c'est qu'en 1804, il était capitaine d'un navire portant le nom de Soeur chérie. Pour des raisons qui restent encore très hypothétique, Jean rejoint son frère Pierre dans les Caraïbes (Saint-Domingue, Cuba) qui écume déjà les mers en tant que flibustier et contrebandier. Ensemble, ils vont profiter de la vente de la Louisiane aux Etats-Unis par Napoléon Bonaparte en établissant leur quartier général dans la baie de Barataria, au Sud-Est de la Louisiane. Suite au vide juridique et institutionnel provoqué par cette vente, ils vont créer leur propre royaume et faire fortune grâce au commerce de contrebande mais aussi de l'esclavage. Tout les deux dirigerait une flotte d'environ 50 navires qui pillent tout les bateaux ennemis de la France et des Etats-Unis (les anglais et espagnoles). En cela, Jean préfère d'ailleurs le terme de Corsaire plutôt que celui de pirate, ne constituant pas de richesse pour lui même mais dans un esprit de société égalitaire où tout le monde profite de la richesse crée.
 Avec cette richesse accumulée par la vente des produits de contrebande et d'esclaves, il s'attire les faveurs d'une bonne partie de la Louisiane en approvisionnant la population de tout ce qu'elle a besoin et lui garantit une vie à l'abri de la misère. Ses exploits sont par ailleurs relayés par la presse francophone de Louisiane.
 Ce lien avec la population, ainsi que son activité dans l'économie parallèle provoque les foudres du gouverneur de la Louisiane William Claiborne, qui offre une récompense de 5 000 dollars à qui le capturerait, mort ou vif. Mais sa richesse lui permet de surenchérir sur cette offre, et de proposer 10 000 dollars contre "les oreilles" du gouverneur.

 La tension qui existe entre lui et les représentants politique des Etats-Unis vont se détendre suite à la seconde guerre d'indépendance, celle qui les opposent à l'empire britannique à partir de 1812. Le territoire de Barataria se trouvant dans une zone géographique stratégique, anglais et américain vont tenter de le faire rejoindre leurs rangs par des moyens diplomatiques (une petite caisse noir quoi). Mais la force et la richesse de Lafitte lui permet de faire fi de leurs demandes. Malgré tout, il finira par choisir de prendre parti pour les Américains. Il décide de contacter le général Andrew Jackson (futur 7ème Président des Etats-Unis) qui manque d'hommes et de moyen matériel pour défendre la Louisiane. En mettant à sa disposition ses hommes et ses canons pris sur les navires espagnoles, il permet au général de gagner la bataille de Chalmette le 8 janvier 1815, et d'infliger une très lourde défaite aux anglais (cela dit, le traité de paix avait été signé depuis deux semaines, mais l'information n'était pas encore parvenue jusqu'en Louisiane). Depuis cette bataille, on le considère désormais comme un héros américain et il est amnistié, lui et tout ses hommes pour leurs actions passées.

 La Louisiane étant devenue officiellement un Etat américain en 1812, Jean Lafitte ne voit plus aucun intérêt à y rester, ne pouvant plus y exercer ses activités de contrebande. Il part donc au Texas (territoire encore espagnol à cette période) où il fonde une colonie nommée Campêche (aujourd'hui Galvestone), et reprend ses activités de trafic d'esclavage. Dans le même temps, avec une étonnante contradiction, il devient également un "agent double" en travaillant comme agent de renseignement pour les espagnoles, mais se battant en réalité pour la cause des révolutionnaires mexicain.
 En 1820, il quitte Campêche. A partir de cette instant, le reste de sa vie n'est pas connu réellement et fait donc l'objet de nombreuses légendes. Vraisemblablement, il aurait officiellement rejoint les rangs du chef révolutionnaire Vénézuélien Simon Bolivar en devenant Corsaire pour son compte et serait mort au combat en 1824.

 Parmi les légendes, il est dit qu'il serait revenu en Europe dans les années 1820, où il aurait ainsi libéré Napoléon 1er, prisonnier sur l'île de Saint-Hélène en 1821 pour le ramener aux Etats-Unis (mais bien sur, et la marmotte elle mets le chocolat dans le papier d'alu!). Un autre récit veut qu'il ait rencontre plusieurs personnalités dont Alexis de Tocqueville, Louis Braille, Jules Michelet et Louis Daguerre, mais surtout Karl Marx et Friedrich Engels, avec qui il aurait eu plusieurs entretiens et  même aidé à financer leurs livre Le manifeste du parti communiste.

 Ce personnage reste très présent dans la mémoire collective en Louisiane et au Texas, où une ville porte même le nom de Jean Lafitte. Il inspira également le célèbre poète lord Byron qui écrivit un poème composé de 3 chants intitulé The Corsaire (vous pouvez le lire ici). Mais puisque nous sommes aussi dans le sujet de l'histoire du cinéma, un film de Cécil B. de Mille (oui, encore lui) retrace sa vie, il s'agit de The Buccaneers (Les boucaniers), réalisé en 1958 par Anthony Quinn, avec  dans le rôle principal Yul Brynner et la participation de Charlton Heston.

 Si vous voulez en savoir plus sur son histoire, je vous invite à regarder cette petite vidéo sympathique d'environ  10 minutes et qui raconte l'histoire du mystérieux pirate-héros Jean Lafitte.



Et vous, quelle est votre histoire?

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