Freresson, ou l'histoire d'un nom oublié

 Me revoilà. Si vous me suivez depuis le début du challenge, il ne vous a pas échappé que j'ai fait l'impasse hier sur la lettre E. Manque de temps ? Manque de motivation ? Rien de tout cela. Tout simplement, dans les noms de famille présent dans ma généalogie, la seule personne qui en porte un commençant par la lettre E est toujours vivante. Né en 1938, cela m'aurait incontestablement mené à révéler de nombreux éléments de vie privée que je ne souhaite pas publier. Non pas qu'il y est des choses douloureuses où des secrets cachés à  planquer sous le tapis, mais je mets un point d'honneur à respecter la vie privée des gens (d'autant plus si je ne les connais pas), je ne divulgue pas des informations non préalablement portées à la connaissance de tous. Je pense que c'est ce que l'on appel la conscience professionnelle, étant archiviste de formation. Par ailleurs, reprendre le challenge aujourd'hui avec la lettre F me permet une formidable transition.

 Dans l'article précédent, je vous ai parlé d'Émile Debraux et de ses ascendants, notamment de Claude Debraux, celui qui s'est marié avec une Mesgny. Je n'ai pour le moment pas fait les recherches sur ses parents, mais en 1640, dans la commune de Cheminon, à quelques pas de Trois-Fontaines, un Claude Debraux (encore un) se marie avec une certaine Claude Frereson (ah je vous avez prévenu qu'ici on adorait le prénom Claude, même le curé s'appelle Claude Claudius, c'est dire...). Il s'agit des candidats les plus sérieux pour prétendre à être les parents du petit Claude. Vous l'avez compris, je vais donc vous parler aujourd'hui des Freresson.

Histoire d'un nom : Freresson.

 Ce nom de famille, dû à sa prononciation [fʁɛʁsɔ̃], possède plusieurs variantes orthographiques : Frereson, Frerson, Frersson. Parmi elles, la version la plus courante est Frerson, c'est d'ailleurs la seule qui, a priori, soit encore porté (si vous connaissez des autres variantes toujours existante, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentant ou en m'envoyant un message). À l'inverse, la version la moins courante et paradoxalement Frersson. La version qui nous intéresse est donc une version intermédiaire, qui a dans le temps été fréquemment utilisée, mais qui a perdu de sa vigueur au fil du temps. Cela peut peut-être s'expliquer par le fait de moins marquer verbalement le second E.

 Quoiqu'il en soit, dans toutes ses formes possibles, les Freresson semblent avoir tous une même origine géographique très précise : Cheminon dans la Marne, et Trois-Fontaines, le village voisin. Cette particularité géographique, voir cette originalité linguistique rend plus complexe la compréhension et la possibilité d'expliquer l'origine étymologique de ce nom de famille.

 Dans le cadre du challenge, je ne peux faire des recherches complètes me permettant de dire avec certitude ce qu'il signifie, par manque de temps. Toutefois, plusieurs hypothèses peuvent être évoquées. La première est la plus évidente (mais les évidences nous amènent parfois à des erreurs), il s'agit du lien fraternel implicite marqué par la première syllabe. Dans ce cas, cela pourrait venir d'un surnom donné à une personne agissant de manière fraternel avec la communauté dans son ensemble.

 La seconde hypothèse est celle qui me convainc le plus pour l'instant, bien que je le redis encore, ce n'est qu'une hypothèse. Dans l'ancien français, le verbe Frerer (ou frairer) signifie "se gonfler". Dans ce cas, le surnom freresson a pu être attribué à une personne opulente, ayant de l'embonpoint. Cela dit, dans ces deux hypothèses, cela n'explique pas pourquoi ce surnom aurait été donnée spécifiquement dans ces villages, et nul par ailleurs en France. Il est probable qu'il y une origine très personnalisée plus que localisée.

 La dernière hypothèse possible que je vois sur ce nom de famille est liée à ce que l'on appelait à l'époque le "frerage". Le frerage est le fait de partager un héritage, une succession entre frère. Peut-être qu'un frerage ayant mal tourné a pu être à l'origine d'un surnom donnée à la fratrie qui en a fait les frais (oui, j'aime les assonances). Cela expliquerai en tout les cas la rareté et la spécificité de ce nom de famille.

 Comme je l'ai sous-entendu précédemment, il n'existe aujourd'hui plus aucun porteur de ce nom de famille avec cette orthographe précise. 

Histoire des Freresson dans ma généalogie et dans le village.

Blason de la ville de Cheminon

 Il est difficile de définir à partir de quand les Freresson sont apparus dans les villages de Cheminon et de Trois-Fontaines, les archives d'États Civils ne permettant pas de remonter plus loin que le début du 17ème. En effet, les registres les plus anciens mis en ligne par les Archives départementales de la Marne remontent jusque 1617 pour Cheminon et 1623 pour Trois-Fontaines. Cependant, on constate qu'ils sont déjà bien établis sur Cheminon en particulier dès cette époque. C'est là qu'ils sont les plus nombreux. Dans les deux villages, ils semblent former un noyau dure, faisant parti des familles les plus nombreuses. Par ailleurs, si l'on étudie les parrainages des enfants, on constate  que des "alliances" ou des relations fortes existent avec certaines autres familles importantes tel que les Bouzenot, les Marette et les Lavandier.

 Concernant les liens avec ma propre généalogie, ils sont assez distant, bien que je puisse noter la présence de 4 Freresson, mais aucun avec de lien direct. Par ordre chronologique, le premier qui apparaît est Pierre Freresson. Né le 11 juin 1627, il est le second mari de Claudine Lavandier, l'arrière grand-mère de Marie Françoise Lacloche, mariée avec Henri Mesgny le 8 mai 1754. Vient ensuite Christine Freresson, l'arrière grand-mère de Marie Jeanne Party, La femme de Nicolas Sibylle (fils de Marie Mesgny). De façon plus direct, on a ensuite Marie Freresson, qui est la mère de Françoise Barbier, femme de Nicolas Mesgny, et enfin Elizabeth Freresson, la mère de Françoise Peslier, mariée a François Picard, fils de Marie Mesgny.

Et vous, quelle est votre histoire ?